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06 Juin 2008 - 20:19
Mort d'un gardé à vue en 2005: soupçons de vol et dégradation de preuves
AFP
Le parquet de Nanterre a pris des réquisitions supplétives dans l'instruction sur la mort en 2005 d'un Malien après sa garde à vue à Courbevoie (Hauts-de-Seine), faisant droit à une demande des parties civiles qui soupçonnent que des preuves aient été détruites ou aient disparu dans cette affaire, a-t-on appris de sources judiciaires.
Le réquisitoire supplétif, daté du 29 mai, a été ordonné pour "vol", en raison de la disparition d'une partie du dossier médical sur les causes de la mort, et "dégradation de bien public", car la caméra de vidéosurveillance placée dans la cellule avait été endommagée et ne fonctionnait pas durant la garde à vue.
"Mes clients", l'oncle et le frère du gardé à vue, "sont satisfaits, car cela va permettre d'orienter l'enquête vers des preuves qui auraient été volées ou dégradées", a déclaré à l'AFP l'avocat des parties civiles, Me Yassine Bouzrou.
Les parties civiles avaient demandé un supplément d'information pour "destruction de preuves".

Le 5 décembre 2004, Abou Bakari Tandia, 38 ans, était interpellé par des agents du commissariat de Courbevoie pour séjour irrégulier. Le lendemain, il était hospitalisé dans le coma et décédait le 25 janvier 2005 sans avoir repris connaissance.
Le parquet de Nanterre avait saisi l'Inspection générale des services (IGS, police des polices) d'une enquête préliminaire, puis le rapport d'autopsie et les conclusions de l'IGS avaient conduit le procureur de l'époque, Bernard Pagès, à classer l'affaire sans suite.
D'après l'enquête, Abou Bakari Tandia s'était volontairement cogné la tête contre la porte de sa cellule, provoquant des lésions graves avec perte de connaissance.
Mais l'oncle et le frère du Malien avaient déposé en mai 2005 une plainte contre X pour "tortures et actes de barbarie ayant entraîné la mort", entraînant automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire.
Selon eux, le dossier médical, dont plusieurs pièces auraient disparu, n'a révélé aucun hématome, ni blessure, ni lésion à la tête.
Ils demandent aussi des explications sur l'origine d'une "lésion cutanée au thorax", prise en photo par les proches après le décès.
En août 2007, trois experts de l'Institut médico-légal de Paris ont été désignés dans le cadre de l'instruction pour remettre un rapport sur les circonstances de la mort de M. Tandia, dont l'élément le plus attendu porte sur les causes du décès.