A-t-on voulu dissimuler une bavure en cachant des preuves ? Il y a cinq mois, Le Point (n° 1861) relatait l'étrange décès, le 25 janvier 2005, d'un sans-papiers malien après sa garde à vue au commissariat de Courbevoie (Hauts-de-Seine). Abou Bakari Tandia avait été admis dans le coma à l'hôpital. Selon le rapport d'autopsie, il aurait succombé à une « décompensation viscérale » après s'être cogné la tête contre les murs de sa cellule pour ne pas être reconduit à la frontière. Une thèse mise en doute par la famille, qui avait photographié à l'hôpital une trace suspecte sur sa poitrine. L'avocat de la famille, Me Yassine Bouzrou, avait demandé un réquisitoire supplétif pour « destruction de preuves », le dossier médical du Malien ayant disparu.

Rebondissement le 31 juillet : la copie du rapport radiologique est réapparue comme par magie sur le bureau du juge pendant les congés du magistrat et de sa greffière. Sans enveloppe ni lettre d'accompagnement. On y lit en commentaire : « Opacités lombaires inférieures bilatérales sur le cliché de thorax » ; en clair, la partie inférieure des poumons semble remplie de sang. Détail troublant : le tee-shirt de la victime a disparu des scellés. Alors que le dossier dort depuis trois ans à l'instruction, le parquet vient de demander l'audition du commissaire de l'époque et des éclaircissements sur la panne de caméra de la cellule du gardé à vue.