COURBEVOIE
L'enquête s'est intéressée à une caméra de surveillance
par Valérie Mahaut

En sommeil quelques années, puis marquée par une série de rebondissements, l'affaire Abou Bakari Tandia aborde un nouveau tournant. Une instruction est ouverte pour « actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort » depuis le décès de ce Malien, en janvier 2005, après sa garde à vue au commissariat de Courbevoie. Le 6 décembre 2004, après une nuit dans les geôles, cet homme en situation irrégulière était hospitalisé dans le coma. Il s'éteindra quelques semaines plus tard.

Les résultats des dernières investigations de l'Inspection générale des services (IGS) portent sur la caméra qui permettait de surveiller la cellule de garde à vue. A l'époque, les policiers de service avaient assuré que l'appareil était en panne. Les fils auraient été arrachés par Tandia ou une autre personne placée en garde à vue les jours précédents. L'appareil étant hors service, les policiers n'avaient pu surveiller le Malien sur l'écran de contrôle. Selon la version qu'ils avaient livrée à l'époque, Abou Bakari s'était grièvement blessé en se précipitant contre la porte. Un accès de violence s'expliquant par sa crainte d'être expulsé vers son pays d'origine. En novembre dernier, le procureur demandait une enquête sur la caméra dégradée. « Vu la hauteur » de plafond, celle-ci est « hors d'atteinte… même en montant sur le banc », ont constaté les fonctionnaires de l'IGS, qui se sont rendus sur place. De plus, « aucun fil apparent ne sort de la caméra », le câble la reliant à « l'écran de contrôle passe dans les faux plafonds ».

Interrogé par l'IGS il y a quelques semaines, le commissaire de police affecté à Courbevoie à l'époque du drame, n'a pas le moindre souvenir d'une panne qui aurait rendu la caméra inutilisable. Seul un des policiers présents pendant la garde à vue et entendu récemment lui aussi affirme que l'équipement n'était pas opérationnel. Un policier qui aurait eu une altercation avec le Malien au début de la garde à vue.

Légende photo : "Il y aurait peut-être eu des dissimulations de preuves après la mort de Abou Bakari Tandia"