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HAUTS-DE-SEINE
Mort d'un sans-papiers à Courbevoie : les experts contredisent la police
Par Valérie Mahaut

03.09.2009, 09h51 | Mise à jour : 10h07

Un complément d'expertise dans l'enquête sur la mort d'un sans-papiers malien après sa garde à vue à Courbevoie (Hauts-de-Seine), en 2005, contredit la version policière. Cet homme âgé de 38 ans, Abou Bakari Tandia, se serait volontairement cogné la tête contre la porte de sa cellule, selon les policiers, provoquant lui-même sa chute dans le coma.

Mais les trois experts de l'Institut médico-légal (IML), dans leur rapport que l'AFP a pu consulter, constatent que «nulle part» dans les différents dossiers n'apparaît «une lésion traumatique crânienne ou crânio-faciale par choc direct contre un plan dur». De plus, «l'exiguïté de la cellule de garde à vue ne permet pas de prendre un élan et une accélération suffisants pour créer ce type d'oedème cérébral».

Ainsi, précisent les experts, «la déclaration» d'un gardien de la paix «qui aurait assisté à la projection de la victime contre la paroi de la cellule de la garde à vue est peu compatible avec les constatations médicales et médico-légales». Les médecins légistes évoquent plutôt «un ébranlement cérébral par violente(s) secousse(s) de la victime (...)».

Abou Bakari Tandia avait été interpellé le 5 décembre 2004 à Courbevoie pour séjour irrégulier. Placé en garde à vue, il était tombé dans le coma le lendemain et hospitalisé, avant de décéder près de deux mois plus tard sans reprendre connaissance.

Les trois experts avaient déjà remis un premier rapport en octobre 2008 à la juge d'instruction de Nanterre chargée de l'enquête, mais sur la base d'une partie seulement du dossier médical, car des pièces avaient disparu de l'hôpital-Louis Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine) où avait été admis le gardé à vue. Après que l'ensemble du dossier a été retrouvé, ils ont à nouveau été saisis par la juge.

Après une première enquête, le parquet avait classé le dossier sans suite le 10 mars 2005. Mais l'oncle et le frère de la victime, qui dénoncent des zones d'ombre dans le dossier, avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile, entraînant l'ouverture d'une instruction.

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