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Selon la version policière, Abou Bakari Tandia, un sans-papier de 38 ans, s'était volontairement cogné la tête contre la porte de sa cellule de garde à vue, provoquant sa chute dans le coma dans la nuit du 5 au 6 décembre 2004.

Il ne s'était pas réveillé et était mort à l'hôpital le 24 janvier 2005.

Entendus le 24 février par la juge d'instruction en charge du dossier, les trois médecins légistes, dont la directrice de l'IML (Institut médico-légal) de Paris Dominique Lecomte, ont maintenu les conclusions d'un précédent rapport, remis en juillet 2009.

Dans leur PV d'audition, que l'AFP a pu consulter, l'un d'eux affirme, sans être contredit par ses collègues, que les "différents éléments" du dossier médical "sont significatifs de l'absence de choc direct de la tête contre un plan dur".

Les experts ont été entendus car dans un premier rapport, remis en octobre 2008, mais sur la base d'une partie seulement du dossier médical, ils avaient conclu à un "oedème cérébral en rapport avec la commotion cérébrale due au choc de la tête contre un plan dur".

Devant la juge, ils ont expliqué qu'il leur manquait à l'époque plusieurs pièces, notamment la fiche du Samu, qui mentionnait l'absence de traces extérieures de traumatisme crânien.

En revanche, interrogés par la juge sur la déclaration d'un policier ayant dit qu'il avait maintenu le gardé à vue "par un étranglement avec son avant-bras" pour le ramener en cellule, ils ont estimé que cet épisode de "contention" pouvait être compatible avec les conclusions de leur dernier rapport.

Dans ce rapport, ils concluaient à "un ébranlement cérébral par violente(s) secousse(s) de la victime, phénomène connu pour provoquer une commotion cérébrale mortelle anoxique".

"J'espère que la magistrate va enfin tirer les conséquences des éléments nouveaux en mettant en examen les policiers concernés", a réagi l'avocat de la famille d'Abou Bakari Tandia, Me Yassine Bouzrou, interrogé par l'AFP.

Contacté, le parquet de Nanterre dit avoir "pris acte de cette audition".

"On ne pourra tirer des conséquences de ce qu'ont dit les médecins légistes qu'à l'issue d'une nouvelle audition des fonctionnaires de police", a ajouté le parquet, qui a déjà réclamé cette audition en août 2009 dans un réquisitoire supplétif.

Dans cette affaire, l'instruction a été ouverte en 2005, après une plainte de la famille, qui faisait suite à un premier classement sans suite du parquet de Nanterre.