"Il y a des enquêtes pénales systématiques et des poursuites si les éléments sont suffisants". *

Au printemps 2009, c'est ce qu'affirmait le porte-parole du ministère de la justice Guillaume Didier, interrogé par l'AFP au sujet du rapport d'Amnesty International " France - Des policiers au dessus des lois". Rapport jugé très excessif par le ministère de l'intérieur.

C'était la théorie... car dans la réalité et à l'épreuve des faits, vendredi 10 décembre 2010 à Bobigny, le ministère de l'intérieur a changé de ton.

Produire des faux témoignage, mentir sous serment, frapper des suspects, faire risquer cour d'assise et peine de perpétuité à une personne innocente, voici la liste non exhaustive de motifs qui ont valu à 7 policiers d'Alnay-sous-Bois, inculpés dans un gros mensonge, une peine de prison (sans doute relativement symbolique d'ailleurs puisqu'elle bénéficiera "d'aménagements".)

On peut sans doute trouver des explications à l'enchaînement malheureux qui a conduit ces 7 policiers dans cette spirale.
On peut aussi sincèrement penser que la faute de quelques uns ne jette pas forcément le discrédit sur l'ensemble d'une profession dévaluée, pour l'essentiel sous formée, sous payée et fortement exposée à la violence qui monte dans notre société.

Pourtant au lieu de se réjouir du courage d'une justice qui fait son travail, un esprit de corps très malvenu autorise les collègues, le syndicat majoritaire, le préfet et, cerise sur le gâteau, le Ministre de l'intérieur lui-même, à désavouer publiquement le verdict et les peines infligées.
Tel un permis de récidiver, au nombre de points inusables... telle de l'essence jetée sur le feu des relations de plus en plus conflictuelles entre une société et sa police.

Néanmoins n'importe quel citoyen lambda aurait payé cash de tels actes devant n'importe quel tribunal. Comment alors imaginer en exonérer des fonctionnaires dépositaires de l'autorité publique, chargés à ce titre de maintenir l'ordre et la paix ?
Quel rapport avec l'affaire Abou Bakari Tandia ?
Le rapport est dans le trouble qui monte et qui s'installe durablement en nous, après 6 ans de témoignages policiers toujours plus approximatifs et contradictoires, désavoués par les expertises.
Dans "Vérité" et "Justice", quel est le mot que vous ne comprenez pas ?

Si l'une devait demeurer inaccessible, alors l'autre prendra le relais. Quoi qu'il arrive. Quel que soit le temps que cela prendra.

Les citoyens qui composent l'association Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia saluent le courage et la sagesse de la décision du tribunal de Bobigny.


* Source : France 24 et Interview France 2 ici