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COURBEVOIE
Rassemblement pour Abou Bakari Tandia, mort après sa garde à vue
VALÉRIE MAHAUT | 24.01.2011, 07h00

Pour la sixième année de suite, les proches d’Abou Bakari Tandia, ce Malien mort après sa garde à vue au commissariat de Courbevoie, se sont rassemblés pour commémorer son décès, samedi. Et poser cette même question qu’ils répètent depuis six ans : que s’est-il vraiment passé, le 5 décembre 2004, pour qu’Abou Bakari ressorte du commissariat dans le coma, avant de s’éteindre le24janvier 2005 à l’hôpital, sans avoir jamais repris connaissance ?
Interminable, l’instruction semble néanmoins s’approcher d’un dénouement.

Les cinq policiers présents la nuit de la garde à vue ont enfin été convoqués dans le cabinet de la juge en charge du dossier à Nanterre, et interrogés. Après un classement sans suite de l’affaire il y a six ans, après la disparition du dossier médical de Tandia finalement retrouvé, et d’autres dysfonctionnements, le parquet de Nanterre avait pourtant demandé l’audition des policiers, en août 2009. De même que celle des médecins légistes chargés d’une contre-expertise des conclusions d’autopsie.
Les légistes ont répondu aux questions de la juge au début de l’année dernière : leurs conclusions ont démonté la version du gardien de la paix assurant que Tandia s’était blessé seul en se précipitant contre la porte de sa cellule. Or, selon les médecins, le Malien ne souffrait à la tête d’aucune « lésion traumatique » explicable par le choc décrit. Restait donc à entendre les policiers. Entre le printemps et novembre derniers, ils ont été convoqués tour à tour et interrogés comme témoins assistés, statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui demis en examen. Le dernier gardien de la paix à être passé dans le cabinet de la juge aurait apporté de précieux détails. Après une petite altercation avec le Malien devant les sanitaires, il l’aurait maintenu avec une prise d’étranglement et conduit jusqu’à sa cellule, éloignée de quelques mètres, en le maintenant au cou par cette prise d’étranglement. Mais ce n’est pas ce policier qui a affirmé avoir vu Tandia se jeter contre la porte. Lui aurait réaffirmé à la juge que Tandia a bien pris son élan pour se cogner.

Les investigations demandées par le parquet sont donc terminées. Reste à savoir si la juge décide ou non d’une éventuelle mise en examen. Ou si elle considère avoir achevé l’instruction. Parmi les proches du Malien, comme dans les rangs de la police départementale, on attend impatiemment la fin de l’instruction avec, à la clé, un procès pour violences ayant entraîné la mort…ou un non-lieu.