à l'issue de la reconstitution des faits survenus dans la soirée du 5 décembre 2004 au commissariat de Courbevoie, reconstitution qui a duré de 9h30 à 16h, les avocats Maitres Bouzrou et Granier ont indiqué à leur client que les incohérences et contradictions des témoignages recueillis jusqu'à présent n'avaient pas été levés.
6 ans après les faits, les questions se heurtent souvent au mur de l'oubli... réel ou tactique.
La juge d'instruction a ordonné aux médecins légistes un rapport complémentaire.

© Le Parisien édition 92
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COURBEVOIE

La garde à vue fatale reconstituée six ans après

Valérie Mahaut

Plus de six ans après le drame, la juge en charge de l’affaire du Malien mort après sa garde à vue au commissariat de Courbevoie a organisé hier une longue reconstitution de la nuit du 5 au 6 décembre 2004. Pourquoi n’a-t-elle pas eu lieu plus tôt? Mystère. Pourquoi les cinq policiers présents la nuit du drame n’ont-ils été interrogés qu’à l’automne dernier? Difficile de répondre également.
Et malgré six années d’instruction, la reconstitution n’aura visiblement pas permis à la juge de prendre une décision entre le non-lieu pour les policiers ou leur mise en examen.

Elle a demandé aux trois médecins légistes d’expertiser à nouveau les conclusions de l’autopsie. Ce qui ne manque pas d’indigner Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille de la victime, Abou Bakari Tandia, mort à 38 ans. « La magistrate rallonge inutilement l’instruction », s’agace-t-il. Car hier, les cinq policiers placés sous le statut de témoin assisté — intermédiaire entre celui de simple témoin et mis en examen — n’ont pas tous livré des souvenirs précis de l’arrivée du Malien au commissariat, arrêté cette nuit de décembre 2004 en situation irrégulière. Pas plus que de l’incident survenu après la prise d’empreinte à cause d’une trace d’encre laissée sur le lavabo. Ni sur ce deuxième moment de tension précédant une prise d’étranglement faite à Tandia, fermement raccompagné en cellule.

Conclusions et expertises vont être réexaminées

Deux gardiens de la paix racontent avoir entendu un grand bruit provenant de la geôle. L’un d’eux affirme avoir vu le Malien prendre son élan pour se précipiter tête la première contre la porte. Seul, il se serait si violemment cogné qu’il est tombé dans un coma dont il n’est jamais revenu.
L’affaire ayant été classée en 2005, le corps a été incinéré. Mais la plainte avec constitution de partie civile déposée par la famille a obligé la justice à mener des investigations. C’est l’Institut médico-légal qui a été chargé d’expertiser les conclusions d’autopsie. Le Malien ne souffrant d’aucune « lésion traumatique » à la tête, le choc décrit par les policiers paraît inconcevable. D’autant que la taille de la cellule ne permet pas de prendre assez d’élan. Au vu des « éléments de la reconstitution », les médecins vont donc réexaminer conclusions et expertises. D’après Yassine Bouzrou, la reconstitution confirme un élément essentiel : « Les déclarations sont fantaisistes », affirme-t-il. Christophe Crépin, représentant du syndicat de police Unsa, insiste, lui, sur l’enquête initiale de l’IGS qui a « rendu un rapport en faveur des fonctionnaires ».