Ce rapport est téléchargeable en version française ici, sur le site d’Amnesty
Et en version anglaise ici.

Avant sa publication, Amnesty a pu échanger sur ce rapport avec le ministère de la justice, mais le ministère de l’intérieur n'a à ce jour pas donné suite aux demandes d'entretiens de l'ONG.

Mardi 29 novembre, veille de la publication, Amnesty International France a organisé une conférence de presse à Paris, en présence de représentants (familles, associatifs ou avocats) des 5 personnes tuées alors qu'elles étaient aux mains de la police française, mentionnées dans le rapport :

- Ali Ziri, 69 ans, algérien, mort des suites de son interpellation à Argenteuil en juin 2009
- Mohamed Boukrourou, 41 ans, marocain, mort dans un fourgon de police dans le Doubt en novembre 2009
- Lamine Dieng, 25 ans, français d’origine sénégalaise, mort des suites de son interpellation à Paris en juin 2007
- Abou Bakari Tandia, 38 ans, malien, plongé dans le coma suite à sa garde à vue au commissariat de Courbevoie, mort en janvier 2005
- Abdelhakim Ajimi, 22 ans, tunisien, mort lors de son interpellation à Grasse en mai 2008

A la tribune pour présenter le rapport, son contexte et ses conclusions, se trouvaient :
Pour Amnesty International :
Genevieve Garrigos, Présidente d’AIF
Patrick Delouvain, directeur du pole Europe d’AIF
Et Izza Leghtas, Chercheuse d’AI pour l’Europe

Trois des victimes étaient aussi représentées par :
La sœur et le frère de Mohamed Boukrourou,
Mr Nemri pour le collectif Ali Ziri
et Maitre Bouzrou pour la famille d’Abou Bakari Tandia.


de gauche à droite : la famille de Mohamed Boukrourou / Patrick Delouvain, AIF responsable Europe / Geneviève Garrigos, Présidente d'AIF / Izza Leghtas, chercheuse AI / Mr Nemri Collectif de soutien Ali Ziri / Me Bouzrou, avocat de la famille d'Abou Bakari Tandia

Les familles Dieng (Paris) et Ajimi (Grasse) n’avaient malheureusement pu se libérer, tout comme Souaibou Doucouré, représenté dans la salle par J. Paris de l'association de soutien Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia.

L'ex Sénatrice Alima Boumédienne était aussi présente en qualité de membre actif du collectif pour Ali Ziri et de parlementaire ayant saisi à plusieurs reprises la CNDS (commission nationale de déontologie et sécurité), instance maintenant remplacée par le Défenseur des Droits.

Ces 5 cas étudiés par les chercheurs d’Amnesty mettent en évidence :

- la concentration des contrôles sur les minorités visibles
- l’utilisation excessive et disproportionnée de la force par les policiers
- l’absence d’enquête effective et au delà de toute réparation
- la volonté de ternir la réputation de la victime et par là-même de sa famille
- l’existence d’un phénomène d’impunité au sien des forces de l'ordre.

Le système judiciaire lui-même ne fait pas correctement son travail : les investigations ne progressent pas, ou très lentement, et ne débouchent sur rien.

Comme Maître Bouzrou, avocat (de l’oncle et du frère d’Abou Bakari Tandia) l’a souligné sans prendre de gants à la tribune de la conférence de presse, après avoir annoncé à la salle comble de journalistes que le dossier Abou Bakari Tandia venait de passer entre les mains de la 4eme juge d’instruction en 7 ans :
« Si les magistrats faisaient vraiment leur travail, les policiers ne pourraient pas faire n’importe quoi »

Il y a blocage car les magistrats craignent de se mettre à dos la police s’ils mettent en examen un policier fautif, antagonisme qui entravera la bonne marche d’autres dossiers. Sous peine d’être en quelque sorte « blacklistés » et de voir leur avancement bloqué, mieux vaut pour les magistrats instructeurs manipuler le dossier avec mille précautions et une lenteur suffisante pour ne pas faire de vague entre 2 mutations…
Ces 5 affaires mettent crûment en évidence un réel problème d’indépendance des magistrats.