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[27/12/2011]

France : une 6ème expertise médicale demandée suite au décès d’Abou Bakari Tandia

Presque sept ans après la mort du jeune malien de 38 ans, décédé le 24 janvier 2005 suite à son placement en garde à vue au commissariat de Courbevoie, la justice piétine toujours. La juge d’instruction en charge de l’affaire a ordonné une énième expertise médicale pour s’assurer de la cause du décès alors même que cinq expertises ont déjà été pratiquées à la demande des trois précédents juges saisis consécutivement de l’affaire. Cette nouvelle décision est incompréhensible pour la famille.

Une enquête qui piétine

Dans ce dossier vieux de sept ans, les magistrats se succèdent, les expertises se multiplient et l’impunité reste de rigueur car aucune poursuite n’a été engagée malgré des conclusions médico-légales mettant en cause les policiers présents lors de la garde à vue.

Une reconstitution a eu lieu en avril 2011, laissant entrevoir un début d’enquête pour la famille qui est en souffrance depuis le 24 janvier 2005, date de la mort d’Abou Bakari Tandia.
A l’époque, les policiers avaient expliqué que le jeune malien s’était volontairement cogné la tête contre la porte de sa cellule, tombé dans le coma, il a succombé un mois et demi plus tard.

Une justice qui manque d’impartialité

Le procureur a classé l’affaire très rapidement mais la famille s’est constituée partie civile. Durant quatre ans, le dossier médical d’Abou Bakari Tandia est resté introuvable pour finalement réapparaitre brusquement et contredire les déclarations des policiers. Quatre juges d’instruction consécutifs ont été nommés et six expertises médicales ordonnées.
Fin décembre 2011, l’avocat de la famille d’Abou Bakari Tandia a déposé une requête en dessaisissement de l’affaire devant le Parquet de Nanterre. Il demande ainsi que l’affaire soit retirée du tribunal de Nanterre pour être traitée par une autre juridiction qui, espère t-il, traitera correctement ce dossier et engagera des poursuites.

Une affaire symptomatique de dysfonctionnements

Dans son rapport du 30 novembre 2011 "France : Notre vie est en suspens", consacré à cinq cas de personnes mortes aux mains de la police, Amnesty International souligne le manque d’impartialité et de transparence qui entoure ce genre d’affaires mettant en cause des membres des forces de l’ordre.